Suite à l’annonce de la centralisation des appels de nuit en provenance des Laurentides vers le service 811 du CIUSSS de l’Estrie à la fin du mois, le Centre prévention suicide le Faubourg demande formellement au ministère de la Santé et des Services sociaux de maintenir le statu quo, et ce, dans le but conserver les standards de qualité des services offerts tout en maintenant la stabilité d’intervention pour la population vulnérable des Laurentides.
Le Centre prévention suicide le Faubourg, organisme communautaire autonome enraciné dans sa région depuis 1993, constitue, depuis 2001, le mandataire régional pour répondre 24h/7 jours à la ligne provinciale de prévention du suicide, soit le 1 866 APPELLE. Étant donné un taux d’appels de nuit faible et stable (moins de 2 appels par nuit), le CPSF, en accord avec l’Agence de la santé et des services sociaux des Laurentides, a établi une entente avec un autre centre de prévention suicide afin d’y basculer les appels de nuit. Pour l’organisme, il s’avérait essentiel que les appels soient répondus avec la même toile de fond clinique d’intervention de crise suicidaire et que les appelants ayant des plans d’intervention personnalisés reçoivent la même « réponse » en faisant appel aux services de notre organisme, tant de jour que de nuit.
Ainsi, chaque soirée se termine par un transfert personnalisé d’informations au CPS qui accueille les appels de nuit et chaque matin commence par un rapport complet des appels reçus au nom du CPS le Faubourg au cours de la nuit. Cette entente favorise des échanges cliniques et le maintien d’un haut niveau de qualité des interventions tout en générant une économie substantielle permettant au CPSF d’élargir les services offerts directement à la population des Laurentides.
Pour Amélie Gauthier, directrice générale du seul organisme de prévention suicide sur le vaste territoire des Laurentides, ce n’est pas le service Info-Social (811) qui est remis en question, mais plutôt la perte de l’expertise en intervention sur la problématique du suicide auprès des personnes suicidaires, les proches et les personnes endeuillées : « Il va sans dire qu’une problématique aussi délicate que la prévention du suicide exige une maîtrise des techniques d’intervention et un doigté que seule l’expérience peut amener. Les intervenants des centres de prévention du suicide du Québec consacrent 100% de leur temps de travail à la prévention du suicide, sont formés uniquement sur cette problématique de façon continue et bénéficient d’un encadrement et d’un soutien constant.»
Beaucoup d’inquiétude concernent aussi l’absence de suivis ou de relances téléphoniques faits auprès des personnes suicidaires, pratiques proactives qui sont habituelles dans les CPS et qui font partie des meilleures pratiques en intervention auprès de la personne suicidaire. De plus, une autre inquiétude concerne le fait que le service 811 ne réfèrerait pas nécessairement les personnes suicidaires, les proches et les personnes endeuillées aux services qui ont développé des services spécifiques, comme les centres de prévention du suicide.
Madame Gauthier dénonce le fait que les décisions soient prises unilatéralement par le Ministère, sans consultation ni dialogue avec les dirigeants des CPS. Elle demande donc le maintien du statu quo afin de permettre au Centre prévention suicide le Faubourg de conserver une stabilité d’intervention pour la population vulnérable tout en se rapprochant de la réponse régionalisée visée par les standards ministériels.