Les 2 et 3 novembre, plus de 1300 organismes communautaires du Québec posent des actions pour dénoncer les coupes du gouvernement provincial en place dans le cadre de la campagne « Je tiens à ma communauté, je soutiens le communautaire ».
En tant qu’organisme de prévention du suicide dans les Laurentides, le Centre de prévention suicide Le Faubourg reçoit, par année, environ 9600 appels de détresse ou de demandes d’information de la part de proches ou d’intervenants inquiets. La plupart des gens qui joignent le 1-866-APPELLE pensent être au bout de leurs alternatives et de leurs ressources personnelles. Le CPS le Faubourg est donc un organisme de crise qui se situe « en bout de piste » : une instance à laquelle les gens font appel quand ils ne savent plus vers qui se tourner. Quand une personne appelle le Centre de prévention suicide le Faubourg, les intervenants réfèrent parfois le client vers des instances spécialisées qui pourront prendre en charge la personne et assurer un suivi de ses besoins.
Les intervenants du CPS le Faubourg constatent avec effroi que l’importance des services de première ligne est sous-estimée par l’état, que de de nombreuses organisations en souffrent, comme les CSSS et d’autres organismes communautaires qui sont sous-financéset laissés à eux-mêmes. Si ce phénomène est préoccupant depuis de nombreuses années, il est aggravé par les mesures d’austérité actuelles. Par le manque d’engagement du gouvernement provincial, une crainte grandit : celle que le réseau d’aide aux personnes les plus vulnérables, ce tissu social que le Québec a mis plusieurs années à construire, s’effrite à un rythme effréné.
Une intervenante du CPS déplore le manque de ressources: « C’est dur de référer des personnes en détresse sans être certaine que la ressource communautaire ou publique va être en mesure de répondre à ses besoins… Souvent, les personnes se heurtent à des listes d’attente interminables ou à des lignes occupées. Ces personne-là sont vulnérables et ont besoin d’hébergement ou d’évaluation psychiatrique au plus vite! Les organismes et les services publics sont débordés, alors qu’on a de plus en plus de demandes d’aide… Mais de moins en moins de moyens pour aider. »
L’austérité gouvernementale touche aussi le Centre de prévention suicide le Faubourg : Amélie Gauthier, la directrice générale, explique : « Alors que la demande d’aide dans la région d’appels sur notre ligne d’intervention augmente, le gouvernement coupe dans les services communautaires. Pour éviter de se retrouver dans un cul-de-sac, il faut donc augmenter la charge de travail de nos employés, mais aussi couper dans nos services en prévention du suicide, comme les formations, la sensibilisation et les rencontres d’accompagnement au deuil… On nous demande de faire d’énormes choses avec des moyens de plus en plus restreints… Si la tendance se maintient, c’est l’ensemble nos services qui seront menacés. »
Les besoins des organismes communautaires concernent tous les citoyens : comme le ROCL (Regroupement des organismes communautaires des Laurentides) l’explique, les mesures d’austérité sont à l’origine d’un cercle vicieux : on assiste à une baisse des moyens des services communautaires et publics alors que la population s’appauvrit et qu’elle a besoin de davantage de soins. Il survient donc une hausse des problèmes sociaux puis, ultimement de graves conséquences à l’échelle de la population du Québec en entier.
Il est important de rappeler que les organismes communautaires contribuent à l’économie en participant au bon fonctionnement de la collectivité en réduisant les inégalités sociales, en aidant à prévenir des problèmes sociaux et à faire progresser les connaissances sur certains enjeux et phénomènes de santé et de société. De ces faits, les organismes communautaires désengorgent les institutions publiques comme les hôpitaux et même, ultimement, les prisons.
Depuis plusieurs années, le suicide est en baisse progressive au Québec… Faisons en sorte que cela continue en appuyant les services publics et communautaires!